Ce week-end c’était la déjà traditionnelle sortie sur la terre des blaireaux à l’occasion de l’Hivernale de Larchant.
Rendez-vous fixé à 16h00 pour le chargement des spads sur la remorque aimablement prêtée par le VCR et devinez quoi Michael est en retard. Pendant que Stéphane finit sa journée de travail, Eric, Guitou, Fred, Arnaud et moi oeuvrons au bien être de montures pour les trois cents kilomètres à parcourir.Cette année le coffre est plein, Eric donc il aura le droit a un beau siège, n’en déplaise à ChocoBob moins frileux de la souris que du Pivot. Nous prenons la route avec le carosse de Guitou alors que Fred et Michael attendent la sortie du boulot de Stéphane. Après un trajet sans encombre, nos spads finissent la soirée en garde à vue. Quant à moi, alors que je retire les clés de nos chambres, je me retrouve avec une MILF avinée dans les bras, mais heureusement pour moi je suis trop vieux pour elle. A peine installés, nos compères arrivent. Nous nous dirigeons donc vers le restaurant se trouvant à quelques mètres de l’hotel. Guitou nous offre l’apéro pour ses vingt-huit ans. Cette année nous faisons attention à notre régime alimentaire, donc fini le régime pâtes-hamburgers : nous optons pour des pizzas.
Alors que nous partageons un moment de convivialité dans la chambre de Fred et Michael, la MILF revient à la charge grattant tant et plus à la porte. Stéphane et moi décidons d’aller nous coucher. Pour ce qui est des autres, certains auront beaucoup de mal à finir le parcours le lendemain, mais cela ne nous regarde pas…
Il est six heures quand le reveil sonne. En moins de temps qu’il faut à superman pour enfiler son slip au dessus de sa combinaison, nous sommes parés de nos habits de lumière. Le petit déjeuner avalé nous passons récupérer nos spads au commissariat avant de prendre la route vers la forêt. Il fait encore nuit quand Christophe vient nous rejoindre pour partager un bout de chemin avec nous. Il est huit heures quand nous nous élançons. Je taille la discute avec Christophe que je n’ai pas vu depuis un moment. Des que le terrain devient joueur, je le laisse prendre un peu d’avance pour ne pas le démoraliser avant l’Epic Enduro. Dans la première descente je me frotte un peu aux arbres. Monsieur Specialized pourquoi tu fais tes cintres si larges. Les huits premiers kilomètres se partagent entre singles et chemins. Avec Eric nous éprouvons quelques problèmes de réglages avec nos Gopro. Finalement nous aurons de belles images de nos pneus avant. Après quelques kilomètres nous nous rendons compte de l’abime qui nous sépare d’épreuves comme la Transvésubienne ou l’Epic Enduro, quand nous voyons Christophe placer une accélération dans une côte. Bientot il nous abandonne étant invité à un gouter. Menant le train avec Michael, je décide de me poser et de filmer en plan fixe mes petits camarades. Une fois qu’ils sont passés je remonte sur mon spad et me lance à leur poursuite. Le sentier serpente entre les arbres, c’est difficile de recoller au groupe. Au détour d’un chemin je retrouve Fred jouant les Florence NIGHTINGALE face à un Arnaud ressemblant à Edwar CULLEN après un repas de communion. Je continue mon chemin et retrouve un peu plus loin Eric dépité de n’avoir pu filmer le festival de gamelles orchestré de main de maitre par Stéphane. Je continue toujours mon effort pour retrouver Michael et Guitou, que je retrouve enfin assis sur un rocher dans la position de la grosse Lulu au travail. La troupe enfin réunie nous reprenons notre chemin. Histoire d’amuser la galerie je me vautre comme une otarie sur une banquette de Cuir Center, sauf qu’à la place de peau de vachette c’est un tapis de ronce qui recoit mon séant. Encore quelques kilomètres de virolets et nous voila à l’entrée de la Aie Aie Aie. Seuls Michael, Stéphane et Eric oseront s’y lancer. Nous voila enfin au premier ravitaillement. Arnaud, la péninsule au vent et Fred raide comme un passe-lacet* décident de jeter l’éponge et de regagner le parking dans les véhicules d’assistance des organisateurs.
Nous reprenons donc notre chemin délesté de deux de nos membres. Ce tronçon reste sur le même modèle durant les premiers hectomètres avant de devenir plus roulant, ce qui nous permet de monter un peu notre moyenne. Nous voila enfin dans le passage qui l’an dernier nous avait fait mal aux jambes. Nous le prenons plus vite, le rythme cardiaque prend son envol et les jambes commencent à piquer. Michael est en grande forme, pour Eric et Guitou ca commence à devenir difficile. Malheureusement les chemins larges redeviennent sentiers et les lignes droites sont rapidement oubliées Nous reprenons notre progression à un train de sénateur. Nous essayons de ne pas nous cramer dans les montées afin de garder un peu de lucidité dans les descentes techniques. Dernier gros passage dans le sable avant le second ravitaillement. Stéphane et Michael caracolent en tête je tiens compagnie à nos deux culs de jatte à la recherche de leurs jambes. La vue de la descente redonne des couleurs à Eric qui se jette sans hésitation alors que Guitou adopte un peu mon style, baptisé dans les milieux autorisés le « fait comme tu peux ».
Nous prenons le temps de récupérer et de nous alimenter pour finir la petite quinzaine de kilomètres sereinement.
Michael est chaud comme une barraque à frite et sur nos injonctions répétées il file sans nous attendre vers une bonne soupe à l’oignon et un verre de vin chaud. Pour Stéphane et moi nous avancons tel Moise en charge de ramener les hébreux vers la terre promise. Le parcours est different des années précédentes même si certains passages nous sont familiers. Malheureusement les nouvelles traces sont meubles et glissantes, ce qui nous oblige à jouer, trop souvent à notre gout, le remake de la publicité pour une assurance à destination des employés de l’état. Bizarrement dès qu’il s’agit de descendre, l’enthousiasme revient chez Eric et Guitou même si le style est de plus en plus improbable. Les blaireaux sont décidément des animaux pervers : ils nous font gagner une nouvelle fois les hauteurs par un chemin éprouvant alors que nous longeons une route qui regagne directement le village. La dernière descente est pour nous comme une délivrance, fourbus mais heureux nous nous permettons même une visite de Larchant et de dédier nos pensées à Saint Mathurin pour nous offrir des conditions favorables lors de notre prochaine venue sur ses terres.
Nous retrouvons Cyrano et Pierre Brochant qui nous tiennent compagnie le temps que nous reprenions des forces afin d’affronter les nombreux kilomètres qui nous attendent pour regagner nos pénates. Un dernier merci aux blaireaux et nous quittons leurs terres avec, de nouveau, dans la tête de beaux souvenirs et dans les jambes pas mal d’acide lactique.
* Expression venant d’un calembour maintenant incompréhensible. En effet, à la fin du XIXe siècle et en argot, un lacet était la cordelette qui servait aux gendarmes pour attacher les mains d’un repris de justice. Du coup, le « passe-lacet » était le gendarme lui-même. Et chacun sait qu’un membre de la maréchaussée, représentant de la loi, est quelqu’un de « raide comme la justice », c’est-à-dire qu’il a un maintien très digne, voire compassé.