N’étant pas inscrit à l’Elsass Bike, ce weekend libre a été comblé par une idée un peu saugrenue au départ, celle de participer à la MB Race « la course VTT la plus difficile au monde »
Heureusement pour nous, cette course un peu folle, du moins l’Ultra de 140 km et 7000 de D+ (!) est depuis l’an dernier proposée en version plus accessible pour nous les électrifiés, la eBike MB Classic avec trois possibilités : Une découverte de 20 km et 800m de D+, une de 35 km avec 1600m de D+ et une de 50 km et 2500m de D+. Un coup d’œil sur le règlement précise qu’on peut utiliser deux batteries sur le parcours de 50 km, ce qui est à la fois rassurant et inquiétant quant à la difficulté du parcours car en temps normal, 50 km avec une batterie, c’est largement réalisable même en avoinant. Une fois décidés et inscrit, les jours passent et à l’approche du weekend fatidique, nous surveillons la météo qui est la même qu’ici mais en pire. La dernière semaine alors qu’il a bien plu au pays des Sangliers, il est tombé des trombes d’eau au pays des Marmottes.
Samedi matin, c’est accompagnés par la pluie de Flize jusque Combloux que nous faisons la route en voiture, les vélos subissant un prélavage à l’arrière de la C5 de Cacal. Nous prenons nos quartiers à Combloux, charmante station de montagne qui pour l’heure est noyée dans le brouillard. En fait, le plafond est tellement bas que nous sommes dans les nuages et il pleut toujours un peu. Nous voyons passer au cours de l’après-midi des concurrents de l’Ultra repeints aux couleurs locales (marron) des pieds à la tête et une visite du site d’arrivée pour le retrait des dossards confirme ce que nous craignons depuis une semaine, ça sera gras, trèès gras !
Dimanche 7h00 du mat, il ne pleut pas, nous enfourchons nos vélos pour rejoindre Megève à 6 km, site du départ de la MB Classic. L’arrivée se trouvant à Combloux, la liaison est obligatoire soit au départ soit à l’arrivée… Autant la faire pendant que nous sommes frais et propres. Les vélos « secs » se placent petit à petit sur la grille de départ et à 8h00, c’est la délivrance de près 500 VTT pour les mêmes versions de parcours que nous en eBike… Nous nous plaçons à notre tour et retrouvons sur la grille mon cousin Olivier avec son Levo, c’est un local, il habite à Passy de l’autre côté de la vallée, il débute en VTT et il s’est inscrit sur la 20 km. En première ligne, nous reconnaissons Marcellin Millet, ancien champion d’Enduro qui court maintenant en eBike, la musique de départ nous met des frissons et lorsque le top départ est lancé, nous partons comme tout le monde… A fond ! Nous n’avions pas prévu de faire réellement la course, ne connaissant pas le terrain et n’ayant pas d’ambition particulière mais j‘avoue que l’adrénaline a pris le dessus sur la raison. Le premier secteur pour sortir de Megève est goudronné pendant cinq kilomètres et ça grimpe. Nous suivons les lièvres autant que nous pouvons, Cacal me dépasse et ça file à 35 km/h (sans assistance en théorie puisqu’elle se coupe à 25 km/h) et à ce petit jeu, je commence à manquer de souffle alors que devant, ça ramone toujours. Le secret est dans la forme physique d’une part et dans la préparation des vélos… Je me rends bien compte que certains peinent moins, vélos moins lourds peut-être mais aussi assistance optimisée… Eh oui, un passage par les consoles de gestion peut faire gagner quelques km/h en jouant sur les tailles de roues par exemple, ce n’est pas du débridage mais ça permet de gagner un peu et de moins se défoncer sans être dans l’illégalité. Pas bien grave car nous arrivons rapidement dans le sujet du jour, à savoir le tout terrain (on n’est pas venu pour faire de la route non plus) et ce terrain-là est dès le début gras et glissant. Je double Cacal et d’autres VTTAE, certains sont en manque de motricité ou de direction car on retrouve ici la fameuse « boue directionnelle » chère à Reynald dans un format XXL. Fort heureusement mon choix de pneus s’avère judicieux, les Maxxis Shorty accrochent en effet incroyablement dans ces conditions : j’arrive presque à aller où je veux. Un passage boisé aux racines affleurantes continue de faire des dégâts devant moi et je remonte en tête de course. J’aperçois Marcellin et six autres concurrents à moins de 50 m… C’est jouissif, j’en oublierais presque que je ne suis pas venu pour faire la course… Dans la bataille, nous devons aussi doubler de très nombreux VTT musculaires, ceux qui sont partis une demi-heure avant nous ! C’est gênant pour nous et frustrant pour eux. Mauvais point pour l’organisation, il aurait été préférable de faire partir les eBike avant les musculaires… Bref, nous continuons à un rythme toujours très élevé malgré le dénivelé, car ça commence à grimper fort, nous doublons les VTT par grappe, beaucoup sont à pieds sur le chemin qui est devenu plus rocheux au fur et à mesure que nous grimpons dans les nuages. 12,5 km, premier check point et premier ravitaillement : alors que les furieux en tête continuent sur leur lancée, je retrouve la raison et m’arrête pour attendre Cacal. Je vois arriver mon cousin au bout de quelques minutes, il passe devant le ravito (et la bifurcation) sans s’arrêter et je suis obligé de crier pour l’appeler car il s’engageait dans la mauvaise direction sur le parcours de 35/50 km. Je lui demande s’il a vu Cacal et il me répond qu’il a vu le sanglier le dépasser… Damned ! l’aurais-je loupé ? Dans ce cas, il devait être proche de moi et serait maintenant devant ? Possible… Je repars donc et cette fois, ça descend, ça sinue, c’est parfois très raide avec des racines. La plupart des concurrents que je dépasse sont à pieds alors que je préfère rester sur le vélo, les pneus accrocheurs et la selle télescopique aidant. J’essaie de prendre quelques photos avec la Gopro mais celle-ci refuse de m’écouter (commande vocale). Le micro, ainsi que la caméra (le vélo, le bonhomme) sont recouverts de bouillasse collante, j’essuie l’objectif comme je peux (pas facile avec des gants mouillés et boueux) et prends les quelques clichés troubles que vous avez pu voir des sentiers bucoliques mais glaiseux… Difficile de prendre du plaisir dans ces conditions, dommage car la trace est sympa mais je suis surtout concentré pour ne pas me vautrer dans la fange et je réussi, jusqu’en bas de la vallée. On bifurque à gauche sur un chemin caillouteux qui remonte sur l’autre versant mais là après quelques mètres, mon pédalier se bloque ! Je vois que la chaîne gorgée de boue s’est enroulée autour du pignon (on ne peut pas parler de plateau, il n’y a que 16 dents)…
Si j’avais eu des prétentions à la victoire ou tout du moins à un classement honorable, c’en est fini ! Un ruisseau proche me permet de me lancer dans une opération de nettoyage de la transmission. D’ailleurs un autre concurrent en eBike qui s’avère être une charmante demoiselle est confronté aux mêmes difficultés. Elle ne s’en sort d’ailleurs pas et je propose de sortir mon petit outil pour lui prêter assistance, ce qui l’emplit de joie. Joie de courte durée quand elle m’explique que son mari est un peu plus loin devant et qu’elle voudrait bien le rattraper… Une fois l’opération de désembouage faite sur son Scott, je la regarde partir l’œil humide (et tout le reste aussi) et continue mon propre nettoyage. Un premier essai de redémarrage se solde par un échec. Pas assez propre ! Je continue et Cacal arrive sur les lieux, en définitif, il était bien derrière moi ! Il confirme tout le bien qu’on pense de l’état du parcours, je lui dis que je suis presque prêt et qu’il peut avancer (bizarrement, il n’a pas l’air d’être emm…é avec sa transmission). Après un troisième essai infructueux, je me décide à sortir la burette d’huile et à asperger abondamment chaine et pignons et ça repart… Ouf, j’ai bien perdu 20 mn et toute ambition !
Le chemin s’incline de plus en plus dans le mauvais sens, celui du D+, je re-dépasse des VTT, je double Cacal un peu plus loin car je veux rester sur un rythme qui me permet de gravir sans caler ! C’est que le pourcentage est au moins identique à celui de la 900 m à Poupehan à la différence près qu’on n’en voit pas la fin… Un virage plus loin, ça monte toujours autant ! Il y a maintenant des dizaines et des dizaines de vététistes qui poussent difficilement leur vélo et à un moment ceux-ci me font obstruction et je cale… Et là, je dois pousser mon char de 23 kg, c’est l’enfer ! Je pousse pendant au moins 250 m et j’aperçois un petit chemin perpendiculaire sur la droite, j’y vais pour prendre un peu d’élan et rattaquer le mur… Et ça marche ! Je monte encore plus d’un kilomètre en mode turbo pour arriver au sommet essoufflé (incroyable) et content d’avoir fini… Je suis moins content lorsque je vois le kilométrage total effectué sur mon compteur et l’état de la batterie : 20 km et il me reste deux « barres » soit à peine 20% de charge. Le sommet est un ravitaillement, le dernier avant de revenir sur Megève et fermer la première boucle où l’on doit récupérer notre seconde batterie pour terminer. Une fois Cacal arrivé avec le même constat que moi pour l’autonomie nous repartons vers une descente encore plus raide, sinueuse, difficile et technique que la première fois, la boue et l’humidité aggravant la situation bien entendu. Je parviens entier en bas de la vallée non sans quelques frayeurs mais toujours sans chute, toujours sur le vélo hormis lors d’un endroit glissant en devers, assez fier de moi…
Je rejoins une route et me laisse descendre jusqu’au creux de la vallée avant de remonter toujours sur du goudron. Je regarde mon compteur, il reste 8 km mais je n’ai plus qu’une barre d’autonomie !!! Vais-je aller jusqu’au bout ? Et bien non, je dois faire les 4 derniers km à l’os, ma batterie ayant décidé de m’abandonner et là c’est moins drôle, même sur le goudron. Arrivé sur Megève, un dernier tronçon gras en descente (ouf !) nous attend et là, des vététistes me font signe de ralentir. Un cycliste est à terre étendu sous une couverture de survie, il vient de se prendre une méga gamelle dans cette dernière portion avec fracture probable de cotes et clavicule, ça calme !
J’arrive sur le parc et je m’arrête pour attendre Cacal qui après un coup de fil m’apprend qu’il est lui aussi en panne d’électricité, je pense bien en finir là après ces 35 km puisqu’on a le choix de continuer ou pas. Cacal me confirme un peu plus tard cette décision judicieuse. Trop de problèmes de transmission pour ma part pour continuer dans ces conditions.
Malgré tout, très content d’avoir fini (entier) et d’avoir appris qu’il faut une bonne préparation pour participer avec des chances de réussite. Le vélo du vainqueur (Marcellin Millet) est d’ailleurs truffé d’astuces qui lui ont permis de ne pas s’arrêter dont un système empêchant la chaîne de remonter dont il va falloir que l’on s’inspire. Respect aux guerriers qui ont fait les 140 km et 7000 de D+ la veille dans des conditions épouvantables, je n’imagine même pas comment c’est possible.. !
Pour finir, nous repartons par la route à Combloux sur le site de l’arrivée des 50 km où nous retrouvons mon cousin pour le repas offert par l’organisation.
La voiture chargée et le ventre plein, nous repartons sous un ciel qui s’éclaircit annonçant le retour d’un temps radieux pour les prochains jours. Grrrrrrrrrrrrrrrr !
Joli récit épique….bravo Fabrice pour une première !
Si l’enfer existe pour les vététistes….cette course y ressemble !
Merci Philippe.
Pour ma part, seuls les problèmes techniques m’ont pénalisé, c’est ce qui m’a fait regretté de ne pas m’être réellement préparé. Sinon, malgré les conditions catastrophiques, c’est intéressant. A refaire, bien préparé et par beau temps
belle comptine ! chapeau ! moi avant d’écrire délais une paire de jour ,plus doué que moi en écriture , mais rectification concernant le dépassement dans la montée infernale j’étais arrêté le sac a dos ouvert avec le portable a la main après un arrêt de plus 5 munîtes pour savoir ou tu étais ….. sinon j’étais devant .