Au début XIXème siècle, un berger qui passait pour sorcier vivait sur le coteau du Chesnoy. Il y faisait paître ses moutons toutes la journée. Il arrivait qu’un voyageur passa au pied du coteau sans saluer le berger, lequel était très susceptible. Celui-ci vexé raillait alors : « Avance ! Avance ! Et tu verras !
A peine le voyageur s’était-il avancé d’une trentaine de mètres, que son cheval se mettait mystérieusement à boiter et refusait d’avancer. Se rendant compte de son impolitesse, il revenait sur ses pas présenter ses excuses au berger. Le pâtre bien singulier répondait : « C’est bien, c’est bien puisque tu es poli, tu peux continuer ta route. »
Le cheval, désensorcelé, repartait en grande forme sans plus jamais s’arrêter !
Cette légende ardennaise se situe en terre balaivienne. Fortement ancré dans sa terre d’adoption le raidar peut parfois l’héritier de ces traditions. Alors ami vététiste n’oublie jamais de saluer un raidar vêtu de sa tenue au couleur d’azur sous peine de voir rapidement ton fidèle destrier boiter bas.
C’est quelques jours avant l’arrivée des rois mages, qu’une petite troupe de raidars s’était rassemblée afin de célébrer la nouvelle année sur la terre légendaire de Saint-Roger. Catherine, Thierry, Garance, Yann, Stéphane, Cyril, Guitou et Cacal avaient décidé de se joindre à moi alors qu’Arnaud, Aurélien, Claude et Hervé avaient pris l’option de rouler autour de de la cité de Gonzague.
La météo est de saison quand nous nous retrouvons quelques minutes après le lever du soleil. Le thermomètre est proche de zéro. Mais le froid n’a arrête un sanglier. Si Cyril n’a pas changé ses habitudes est revêt son habit courte cuisse, les autres ont choisi de ne dévoiler le minimum pelage. Afin de nous chauffer nous commençons par la côte de Dom. Le rythme est bon mais nous devons gérer les plaques de glace qui se font de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que nous nous élevons. Nous n’avons pas parcouru une lieue que mon téléphone sonne. C’est Kath qui m’appelle pour me prévenir que ma gourde est restée sur la table de la cuisine. Qu’à cela ne tienne je jouerai le bilby ! Thierry profite de mon arrêt téléphone pour discuter avec un copain qui passait par là. Décidément il n’est pas possible de faire une sortie dans le coin sans que Thierry ne croise une connaissance.
Après cet intermède nous continuons notre ascension. Le terrain est plus accidenté les ornières gelées couvertes d’une belle couche de neige. Pascal nous gratifie de la première chute de l’année. Ce ne sera pas la dernière… et il ne sera pas le seul. Catherine me propose une gourde alors qu’elle partagera la sienne avec Thierry.
Aujourd’hui nous n’irons pas à la rencontre de Jack Twist et Ennis del Mar. Je profite du sentier en sous bois, un peu moins gelé pour discuter avec Guitou. FBI comme dirait la soeur de Fatal. Nos cintres ne respectent pas la distanciation physique. Si je parviens à éviter la chute il n’en est pas de même pour Guitou qui à son tour va goûter à la dureté du sol gelé.
Nous avons gagné près de cent-cinquante mètres d’altitude et nous rendons compte que cela change beaucoup de choses au niveau météorologique. Si la neige à totalement fondu au niveau de la Meuse, il n’en est pas de même ici. Même en sous bois le sol est recouvert d’un joli manteau blanc.
Comme nous sommes en période de chasse nous nous gardons bien de sortir de la forêt domaniale. Nous faisons plusieurs boucles entre la Croix Serin et la source Saint-Roger. Cacal continu à être en délicatesse avec la position verticale. A force de tournicoter dans de petits sentiers nous finissons par perdre Catherine. Après quelques minutes de recherches nous la retrouvons. Ayant aperçu une veste orange qu’elle a pris pour celle de Cyril, elle s’est lancé à la poursuite d’un groupe qui s’avérait ne pas être le bon.
L’alternance entre la neige gelée et les zones de dégel commence à nous faire mal aux cuisseaux. Nouvelle montée pour rejoindre Balaives. Pas de chasse en forêt de Singly. Nous en profitons pour descendre par les sentiers. Une fois dans le village nous avons le choix entre monter par la route jusqu’au calvaire pour descendre ensuite vers etrepigny ou de choisir l’option chemin du château qui monte un peu moins mais qui par un temps neigeux ne sera sans doute pas plus facile. En raidars qui se respectent, le choix est vite fait. Pas de bitume !
Nous effectuons un dernier regroupement au sommet de la bosse finale. Il nous manque Cacal, seul VTT assisté de la sortie, qui a pris de l’avance dans la grimpette. Nous nous engageons dans le dernier sentier et retrouvons notre bûcheron qui a profité de son avance pour nous dégager le chemin allant même jusqu’à nous tenir une grosse branche pour que nous puissions passer dessous. Le sentier est boueux et nous devons nous appliquer pour avoir des trajectoires propres. Nous descendons vers Boutancourt et rejoignons notre base par le chemin noir.
Cette première sortie de l’année aura aussi été notre première sortie réellement hivernale mais vu les prévisions météo ce ne sera sans doute pas la dernière.