En ce premier dimanche de dé-confinement, et après huit semaines sans se balader dans les bois (enfin pour ceux ayant respecté le confinement et l’interdiction d’accès aux massifs forestiers) j’avais convié tous les raidars à une première sortie avec les nouvelles contraintes. Après avoir effectué une sortie avec Pascal cette semaine, je m’étais déjà rendu compte de la difficulté de respecter les dix mètres de distance en roulant, les deux mètres à l’arrêt et ne pas toucher au matériel des autres. J’avais envisagé de composer des groupes d’un maximum de six personnes sur des parcours différents afin de limiter les risques de contamination. Les groupes furent vite fait car peu de raidars avaient envie de partager leurs miasmes. Seuls Cacal et Monsieur BOB, Choco pour les intimes, se joignaient à moi pour cette reprise tranquille de trente kilomètres.
Quand je me lève, en cette journée mondiale de lutte contre l’homophobie (rien a voir avec le reste de mon récit mais juste pour souligner que l’OMS n’a supprimé l’homophobie des maladies mentales qu’en 1990 ce qui donne à réfléchir en ces temps si particuliers…), il fait trois degrés. La traditionnelle question de la tenue se pose. J’opte pour la veste. Mais au moment où je mets le nez dehors je présage que l’option n’est pas la bonne. Je jette la veste au sol, Madame n’a rien à faire ce matin elle aura le temps de la ranger, et enfile un maillot manches longues. Il fait un peu frisquet mais ça va le faire.Nous sommes tous trois présents à l’heure dite sur le parking de la SMA fermé à la circulation, je propose de partir sur une trace qui pourrait devenir la base du Sécopir 2021. Mes deux acolytes agréent. Alors c’est parti ! Nous attaquons par le large chemin qui mène à Feuchère.
Dix mètres entre deux vélos c’est très long. Mais nous essayons de respecter. Impossible de se parler… Nous essayons tout de même mais notre dialogue ressemble à une discussion d’EPAHD quand la direction n’a plus d’argent pour acheter de piles pour les sonotones. Nous traversons Feuchères en direction de la Brokeback Mountain. Comme le sentier est étroit nous nous distancions du verbe distancier au présent de l’indicatif et non pas du verbe distancer à l’imparfait ce qui ne correspondrait pas. Un arbre stoppe notre progression jubilante. Ce ne sera pas le dernier… Les tempête n’ont pas eu interdiction de se balader dans les bois pendant le confinement. Après plusieurs kilomètres de sentier nous retombons sur un grand chemin souvent usité lors de nos sorties dominicales. Depuis quelques années nous avons pris l’habitude de partir vers la source Saint-Roger par ce chemin descendant. Cette fois nous allons le prendre à rebrousse poil et reprendre de la hauteur. P….. c’est raide ! Nous avons à peine fait dix kilomètres que j’ai déjà mal aux pattes. Un nouvel arbre est en travers du trimard. Je pose pieds à terre et m’aperçois que seul Cacal est derrière moi. Choco a disparu des écrans radar. Pour une fois que ce n’est pas le contraire… Tel Luke, je dégaine mon téléphone plus vite que mon ombre. Pas de chance, pas de réseau ! Nous abandonnons lidée de recourir aux NTI pour localiser notre compère. Nous faisons demi-tour en braillant comme un supporter du PSG quand il pourra de nouveau rentrer dans le Parc des Princes. Nos beuglements ont raison de l’inattention de Choco. Une fois de nouveau réunis nous repartons vers l’infini et au-delà. Et qu’est-ce qu’il est haut cet infini… Arrivé en haut de la côte je suis mollet, pas encore tout à fait cuit mais pas loin. Choco est dans le même état que moi. Seul Cacal à la pêche. Peut-être que ça vient du fait qu’il soit assisté.
Nous partons vers des territoires inconnus. C’est sentier, sentier, sentier et encore un peu de sentier. Nous profitons de chaque descente et souffrons dans chaque montée. Et les unes comme les autres sont nombreuses. Gaïa avait des problèmes de niveau quand elle a créé cet endroit. Mais comme le dira notre humoriste de service : » C’est bien plat ici, les deux roues sont toujours parallèles au sol ! » Pour certains ce n’est pas toujours le cas lors de cette sortie c’est parfois le dos qui jouxte le sol plus que les roues… Nous arrivons enfin à la source Saint-Roger. Nos compteurs indiquent un peu plus de seize kilomètres au compteur. Ils sont en grève ou quoi ? Je n’ose pas regarder le dénivelé. Le clocher de Notre-Dame vient de sonner la demi de dix. Nous avons encore un peu de temps. Je propose de continuer notre reconnaissance. C’est du classique : on grimpe pour aller prendre la tournante. C’est sec ça passe crème ! Enfin pour ceux qui maîtrisent les épingles et ne finissent pas dans les buissons… Nous reprenons l’idée de Frédéric Lopez et partons vers une une nouvelle terre inconnue. Nous gagnons le fossé délimitant la forêt domaniale en direction de Villers-le-Tilleul. C’est super agréable, sentier étroit pour continuer par un chemin en légère descente sur plusieurs centaines de mètres. Je ne sais si c’est l’euphorie ou le manque d’irrigation de mon cerveau, mois voilà que je rate le chemin qui devait nous ramener à la maison. Nous nous retrouvons sur la route à quelques centaines de mètres de Villers-le-Tilleul. Il n’est pas loin de midi nous décidons de rentrer par la route. Chouette, nous allons pouvoir passer notre moyenne au dessus des dix kilomètres-heure. Mais même sur la route les montée sont difficile aujourd’hui. Au dessus de la source Saint-Roger je m’engage dans un chemin histoire d’éviter le bitume pour quelques temps mais malheureusement au bout de quelques hectomètres nous devons nous transformer en Jack Colton, des arbres transformant le chemin en jungle équatoriale. Nous parvenons tout de même à retrouver la route. Cette fois nous ne dérogeons plus à notre ligne de conduite : traversée d’Elan par la route, chemin d’Alger, traversée de Boutancourt et chemin noir. Parvenu dans le village c’est là que nos route se séparent, pas de boisson partagée, pas d’embrassade ou même de check comme nous en avions l’habitude. Nous nous saluons de loin tous trois satisfaits de cette belle sortie. Strava me donnera plus de huit-cents mètres de dénivelé positif pour une distance de trente-six bornes dont cinq de voie verte ; je comprend que j’ai mal aux pattes. Dommage qu’ils ne pas plus Walker Texas Ranger à la télé. Pour une reprise ce fût comme l’a dit Monsieur BOB : » Une vraie reprise de raidar ! » .
Pour tirer des enseignements de cette sortie en petit groupe, si la distanciation physique est possible le plus souvent, lors de nos arrêts nous avons toujours gardé une distance de deux mètres et dans les descentes nous étions à beaucoup plus de dix mètres, c’est plus difficile de respecter cette distance dans les sentiers montant car il est difficile de calquer sa vitesse sur celui de devant. Et surtout il est difficile de ne pas prêter un coup de main à celui qui ce trouve en difficulté ce qui fût le cas très souvent aujourd’hui avec les nombreux arbres à enjamber…
Bravo les raidars.
Vivement que soient trouvées les solutions pour combattre se virus. Il me tarde de rouler de nouveau en rangs serrés afin d’être au plus proche de ceux qui posent leur dos sur le sol, (Les plans gopro sont plus nets ;-p ), ou pour entendre les chocovannes distinctement.