Après avoir fini l’année 2019 dans la Préfecture ardennaise nous avions décidé de commencer 2020 au milieu de nulle part. Le rendez-vous était donné au chalet de ski de fond de La Chapelle afin de faire du foncier histoire de récupérer des agapes de la période des réveillons. Je ne sais si c’est le fait que le e-bikes du club se soient bien tenus durant les fêtes ou qu’il y ait moins besoin d’être affûté pour rouler assisté aucun n’avait fait le déplacement en forêt sedanaise. Seul Ludo voulant découvrir notre groupe s’était joint à nous avec assistance. Garance, Yann, Reynald, Stéphane l’Apothicaire, ChocoBob, Arnaud, Claude, PTR, Guitou et Thierry avaient répondu à l’appel de la forêt que j’avais lancé. Une fois la troupe réunie, après une petite erreur d’aiguillage pour deux d’entre nous, nous commençons pas un peu de route forestière. Au bout de quelques hectomètres nous bifurquons sur du sentier descendant. Rapidement nous sommes obligés de poser pieds à terre car un arbre nous barre le chemin. La descente du talus d’un peu plus de deux mètres est un peu folklorique. Heureusement aucun paparazzo n’était présent préservant ainsi notre dignité. C’en est fini de descendre et nous attaquons les choses sérieuses. Mon idée première était de prendre le parcours balisé numéro sept à contre-sens mais les bûcherons ont décidé autrement de notre destin. Après avoir enjambé quelques dizaines de branches couchés au sol, je décide de bifurquer sur un chemin encombré. Rapidement la montée cool prévue sur une route forestière se transforme en montée sur un sentier collant. Mais comme toujours si nous voulons descendre il faut monter. Nous finissons par trouver une route forestière, ce n’est pas celle envisagée mais comme tous les chemins mènent à Rome je suppose qu’ils vont aussi nous mener à Corbion. Ce qui est le cas du GR14. Après deux kilomètres sur la route le GR s’enfonce dans le bois descendant vers le village pour lequel Paul Verlaine avait eu un coup de cœur au point de s’y installer quelques temps. Arnaud et Garance ouvrent la route, malheureusement dotés d’une visions périphérique peu développée, il ratent la bifurcation nous permettant de quitter le chemin défoncé par les engins forestiers et finir la descente par un petit sentier joueur. La traversée du ruisseau Joly marque notre entrée dans le royaume de Belgique. Nous laissons sur notre gauche le lieu-dit: Bojaban où s’éleve encore quelques ruines de la maison des couleuvres où le poète Paul Verlaine séjourna dans les années 1880. Contrairement au mythe conté avec force détails par Guitou cette maison n’a pas abrité ses amours (ceux de Verlaine, pas de Guitou) avec Arthur Rimbaud . Bojaban, situé au bout du village de Corbion, le long du ruisseau frontière entre la France et la Belgique, lui permettait de rejoindre rapidement la France car il était interdit de séjour en Belgique, suite à son agression sur Arthur Rimbaud. Sorti de prison en 1875 et indésirable sur le sol belge, Paul Verlaine se réfugiait régulièrement dans les bois de Corbion. Le choix n’était pas anodin vu que la ferme aux couleuvres est à moins de 10 mètres du territoire français et que le curé de Corbion, l’abbé Dewez était une vieille connaissance (à quel point l’histoire ne le dit pas…). Les habitants ne voyaient pas la présence de Verlaine d’un bon oeil parce qu’il est à la ferme aux couleuvres avec une femme et deux enfants sans être marié et surtout parce que sa réputation l’a précédé. Ce lieu est aujourd’hui connu sous le nom de maison Verlaine. Nous traversons le village encore endormi dans le brouillard de ce main frileux mais résonnant encore des échos de la malle-poste que le petit Paul emprunta en compagnie de ses parents, Elisa et Auguste, de l’âge de un à dix-huit ans, pour rejoindre Paliseul à l’occasion des vacances d’été.
Quittant Corbion sans visiter le musée du tabac au grand dam de ChocBob nous décidons de rejoindre le rocher du pendu, haut-lieu d’une légende qui vous fût contée ici en d’autres temps. Nous prenons le temps de poser pour la postérité sous l’appareil d’Arnaud. Malgré que le rocher du pendu se trouve à 280m d’altitude nous avons un gros dénivelé pour regagner notre lieu de départ. Nous faisons donc demi-tour et commençons notre ascension. Le terrain est gras et les lacets s’enchaînent dans la souffrance du foie gras et du saumon ingurgités lors des réveillons. Enfin nous parvenons au point culminant de notre périple. Nous prenons quelques minutes pour nous reposer. Le chemin envisagé est impraticable à cause d’un débardage en cours. Je choisi donc de continuer sur la route forestière avec pour objectif de rejoindre le sentier envisagé un peu plus loin par un chemin de traverse. Nous trouvons l’endroit adéquat pour quitter la route forestière, mais pour rejoindre le chemin nous devons traverser le ruisseau de la belle église puis gravir un talus d’une bonne dizaine de mètres. Là encore point de photographe pour immortaliser la scène. Nous voilà de nouveau revenu sur les parcours balisés du Bannet. De nouveau, nous empruntons le balisage en sens inverse. Nous quittons le balisage pour rejoindre l’ancien poste frontière. La route forestière Maurice Arnould nous mène jusqu’à un passage sous l’autoroute qui nous permet de rejoindre le Bois du Dos du Loup. Cette fois nous remontons le balisage du parcours numéro huit pour rejoindre le centre de ski de fond de La Chapelle.
Au compteur de cette sortie nous n’aurons que vingt-neuf kilomètres pour un dénivelé positif de six-cents quinze mètres sur mon Polar (632 pour la montre Garmin d’Arnaud – 642 pour le Myo de ChocoBob – 763 pour l’application Strava de Ludovic). En ce début d’année et après les fêtes nous sommes tous heureux d’en avoir fini avec cette sortie qui pour certains a fait bien mal aux pattes et pour d’autres aura laissé quelques traces de boue sur la rutilante tenue du RAID Ardennes VTT.