Edition spéciale de ce Grand Raid Godefroy 2019.
Malgré l’appel au rassemblement, ce ne sont que 6 raidars qui devaient s’aligner sur les différentes épreuves de ce rendez vous en terres voisines Belges. Le 47 e-bike attendait Jean-Pierre, le 70 km était impatient de se faire arpenter le sentier par Arnaud et Aurélien, alors que le 45 km devait être une excellente mise en appétit à nos trois soiffards, John, Ben et moi-même. Question motivation, pour ma part, je n’ai pas roulé depuis 3 semaines…. mon médecin m’a recommandé de ne pas participer à cause d’un hygroma au coude gauche… et ma soirée Chimay du samedi ne m’a pas mis dans les meilleures conditions pour faire une belle performance. Mais ma participation ne cherche pas de chrono et je veux juste revoir le sourire que Philippe m’offrait, il y a un an, pour m’encourager au départ du 70 km.
Ce matin du 8 septembre, donc, j’arrive tôt (8h10) afin de récupérer ma plaque en évitant la cohue (conseil de l’organisation……) et encourager les courageux raidars du 70. La foule est immense aux inscriptions et retraits de plaques….enfin… non….. je passe directement car il n’y a pas la moindre petite queue de quelque queue que ce soit !
Je vais déposer mes effets personnels à la voiture et j’habille mon poney d’une belle plaque numérotée 45288. (pffff même pas personnalisée).
Paré de mes habits de lumière à l’effigie du RAID, je suis prêt et j’ai du temps pour encourager et photographier Arnaud et Aurélien ! C’est cool ! Le départ du 90 km est lancé et je les regarde défiler devant moi dans ce bruissement de crampons sur l’asphalte. C’est un bruit et une sensation que j’apprécie beaucoup et qui me donne directement le sourire. Des petits gilis dans le ventre et dans la tête passent, et je me dirige donc vers la grille de départ du 70 et des deux affreux donc.
Plein plein de monde ! Ils sont plus de 400 au départ. Les quais de Semois sont pleins et la file monte jusqu’à la tente bar/inscriptions. Dans tout cet enchevêtrement de vélos et de jambes poilues (pas seulement poilues car il y a quelques jolies dames et demoiselles qui embellissent les nombreux casques à barbes du peloton, heureusement), je n’aperçois pas les deux compères. Etrange. Je scrute encore mais je ne les trouve pas…. Bref, j’imagine qu’ils se sont défilés ou qu’ils se sont déguisés en vttistes quelconques…. Je cherche même vers le bar en me disant qu’ils sont peut-être en train de se motiver avec une petite douceur à mousse mais rien ! Personne ! Pas de raidar en tout cas ! Le départ est donné, il est 9h, je n’ai plus qu’à attendre Ben et John sur qui je peux compter, eux !!!!
Je tourne un peu en rond histoire de garder des jambes tièdes et réveillées. Je jette un œil aux quelques vélos présentés sur les stands. Je vois un Mondraker qui me fait de l’œil mais je ne suis pas un homme facile…. Je regarde un peu partout pour trouver mes compagnons de chemins mais leur ponctitude habituelle ne semble pas à la hauteur aujourd’hui…
Après quelques échanges avec d’autres compagnons de ma future infortune, je me retrouve avec un jeune homme du club de Bellefontaine avec qui nous nous positionnons sur la ligne de départ. (Enfin…. vers le milieu du peloton….). Il est 9h30, les raidars ne sont pas là, malgré une ‘tite larmichette de déception, le départ est donné et les crampons arrachent les pavés puis l’asphalte de la manière que j’aime. Il y a des chevaux sur les vélos !!!
Début habituel le long de la Semois, on passe le pont en tournant à gauche, on longe la Semois que nous venons de traverser en direction de la route de Florenville, comme d’habitude, avant de virer sur la gauche pour attraper les chemins, comme d’habitude. Le peloton s’est déjà bien effilé et nous passons de « tas de vélos » à « duos de vélos » sur le premier chemin large. Puis nous passons de « duos » à « singles bikes » lorsque la track nous l’impose. Le rythme est bien au-delà de ce que je me suis donné comme consigne. En haut des premiers 80 de D+, mon compteur annonce encore 19 km/h de moyenne ce qui n’est pas un bon signe pour mon avenir proche mais une excellente explication des indications de mon cardio….
Etant seul pour rouler, je décide de m’écouter un maximum et j’essaye de trouver des jambes voisines qui rouleraient à mon rythme. Avec un bout de challenge, je tente de me caler sur Claire Maurice…. Franchement, j’ai beau appuyer sur les freins lorsqu’elle se sent en difficulté dans les descentes, ce n’est pas en relâchant les dits freins que j’arrive à la suivre dans les montées…. Je me crame à petit feu en tentant de la suivre et ma santé ainsi que ma préparation du moment sont bien loin de m’offrir des armes suffisantes pour monter à son rythme. Chapeau bas madame, félicitations pour ta prestation.
Je ne m’arrête pas au premier ravito car je me dis que je serai plus tranquille sur la trace. En effet, malgré les boucles supplémentaires du 70, nous nous retrouvons régulièrement sur les mêmes fléchages et il y a parfois foule, voir bouchon, à quelques endroits. Mon camel est plein, j’ai des barres de figues conformément aux conseils de madame Catherine, donc je peux rouler en autonomie pour le moment. Mon choix n’est pas si mauvais que ça car les files se font moins nombreuses.
Ca roule fort, la vitesse moyenne est toujours très haute (pour moi et pour ce jour), et les sentiers nous amènent, comme d’habitude, sur le mur où tout le monde est à côté du vélo, où un nombre impressionnant de participants se retrouve contre un arbre, allongé dans la terre, sans vélo, bref…. n’importe quoi cette descente… (j’avais mangé un arbre l’année dernière, j’ai faillit manger un Scott sans son propriétaire cette année…..)
On remonte jusque la route, on saute directement sur un single qui nous amène à Dohan. Un bout de route, comme d’habitude, et nous reprenons les chemins. Je suis de nouveau derrière madame Claire. Allez ! Je m’accroche !…
Après encore quelques kilomètres, les sensations sont variées. Lorsque je réussis à redescendre le cardio et que je me dis qu’il est arrivé à son rythme de croisière, il repart en flamme et me bouffe toute l’énergie que j’ai. Tout à coup j’ai des jambes, 200m plus loin je n’en ai plus. Encore quelques kilos et le ravitaillement dont j’aurais maintenant besoin n’est pas là…. Pas grave, je peux encore tenir avec mon stock. Je tiens, mais je n’ai plus de trace de dame Claire….. En difficultés dans une montée au train, des Nouvionnais m’encouragent derrière. « C’est rare de croiser un raidar tout seul ! », me lancent ils. Je leur confirme que j’ai été lâchement abandonné mais je n’ai pas l’oxygène nécessaire pour échanger plus longuement. Je m’écarte et les regarde continuer ensemble….eux….
Le fameux ravito attendu arrive. Un bout de chocolat et un verre de sirop vont me contenter. J’en profite pour me dégourdir les jambes quelques minutes, et je me lance pour la dernière ligne pas droite. La fin, je la connais à peu près. Il ne reste que 8 ou 10 kms et environ 200 D+ et ça doit donc tenir.
On remonte sur les hauteurs de Noirefontaine pour basculer vers Curfoz et les dernières difficultés que je n’aime pas beaucoup. Un cycliste jambes rasées de la côte Belge fait un bout de chemin avec moi. C’est sa première sortie VTT et il s’était inscrit sur le 70….. « bah ça monte par chez vous ! Je roule sur la côte et sur route habituellement… je m’étais inscrit sur le Septante mais j’ai repris le 45 parce que c’est bien trop dur. ».
Et il n’a pas encore tout vu…. La fameuse dernière difficulté de 70 D+ à 11% termine les quelques forces qu’il te reste dans les cuisses avant de se finir dans la piste de DH où ton manque de lucidité de fin de parcours te pousse à la faute régulièrement. Je vais en profiter pour faire l’amour à un arbre….mais un beau hein ! Puis, en sautant du vélo en bord de trace avant de me confronter à un portage, je me retrouve les coudes sur le sentier avec mon poney qui me regarde, de haut, encore bien positionné sur le single track !…. Je rigole quelques secondes avec mon suiveur qui me fait remarquer que l’on a bien l’air con dans cette position…. (J’approuve complètement mdr, dommage qu’il n’y avait pas de photographe).
Enfin, nous longeons la Semois par les sous bois avant de reprendre les quais jusqu’au podium « Finish » ce qui arrête le cher maitre du temps en m’indiquant une 134ème place sur 307 arrivants.
Ce ne sont que 40 minutes plus tard, un passage à la voiture avec changement de fringues, commande et buvage d’une Godefroy blonde pour patienter (What else ?!…) que mes compagnons arrivent au loin !!! Nous nous faisons le récit de nos courses en passant par leur départ sur le tard, les problèmes de montées de certains et les divers niveaux de descentes de chacun. Une chose est sure, la descente des Godefroy n’ont pas fait peur à nos raidars et l’enchainement de celles-ci ont été réalisés de belles manières ! On est trop fort en G- !
Nous ne manquons pas de nous remémorer les sourires de Monsieur le Comte l’année passée et de nous rappeler de sa bienveillance à notre égare. Nous étions là pour lui cette année. Toutes nos meilleures pensées et souvenirs.