Je retrouve Reynald jeudi matin devant le casino, point pour jouer du bifton mais de l’ascension des 1200 mètres au programme de l’Amisdonner au départ d’Etalle. Nous nous acquittons rapidement des droits d’inscription pour nous lancer en manches courtes sur le 64 Km. Nous sortons de la ville par le macadam avant de poser nos crampons sur le premier chemin sablonneux. Malgré la phonétique de la bonne cause je n’aperçois aucun champ de patate. Rien d’étonnant puisqu’nous sommes dans les bois. En l’absence de relief majeur le plus géant des raidars se mange de la grande galette. Petitement monté je dégouline de tout mon corps pour conserver le contact avec mon partenaire. C’est à une moyenne de 21km/H et seulement 200 mètres de D+ que nous aboutissons au 1er ravitaillement. Après avoir suivi le rythme effréné de mon acolyte il me faut copier sa cadence d’ingurgitation pour me refaire une santé. Je repars avec 5Kg de plus dans l’estomac et 2 cm supplémentaires de SAG.
Le gésier aussi rempli qu’une volaille du Gers je suis aimanté à la roue de Reynald dans la première descente de la boucle des 2 grands parcours. Toutefois, ayant la digestion rapide je lui accorde de l’avance au bout de 300 mètres. Je profite de l’élévation du profil pour prendre les devants. Les chemins deviennent plus étroits et plus sauvages. Progressivement les bosses et les descentes sont plus longues et plus pentues. Dans les montées Reynald ne lâche pas prise au point que je sens ses odeurs d’aisselles. Dans les descentes j’y vais avec courage pour éviter de me faire distancer au point que Reynald pense avoir perdu l’odorat en l’absence d’odeur de plaquettes passées au barbecue. Nous faisons banquet au 2ème ravito avec une moyenne descendue à 19km/H. Après nous être ressuyés les babines nous remontons en selle.
Le pourcentage d’inclinaison s’accroît de nouveau. La trace calme nos ardeurs et nos bavardages de pipelettes haussées sur 2 roues. De temps à autre un passage en single nous fait oublier notre souffrance. J’aperçois plusieurs VTTistes à pied dans une montée. Je redouble d’efforts pour enfin parvenir à distancier mon partenaire. Pfff pas facile à lâcher le gaillard aujourd’hui ! Nous descendons vers le 3ème lieu de sustentation. Je reconnais l’endroit pour y avoir roulé lors d’une autre randonnée. A la vue de la direction de reprise mes jambes se souviennent des murs à gravir. J’en informe Reynald. Nous décidons de prendre les forces nécessaires. Nous piochons à tous les râteliers.
Comme prévu à peine 300 mètres de parcourus que le 1er mur se montre. Les jambes brulent. Au ¾ une éructation mal contrôlée m’envoie des morceaux de salami dans les narines. Digérer du salami par le museau ça pique les cloisons nasales ! Mais piquent surtout les jambes pour pouvoir lever le poing au sommet devant le regard bas d’un Géant Vert terminant sur les semelles. Après une longue descente un nouveau mur est au programme. Je cabre au passage d’une racine et mets pied à terre. Reynald surmotivé par mon échec et un esprit vengeur se lance avec orgueil dans cette bataille qu’il gagne avec brio. Regard en coin il n’hésite pas à me sortir un « ben Choco ça se montait ». Heureusement, sa perfide stratégie pour me mettre le moral en berne fait effet inverse. Sélectionné méticuleusement pour me faire mettre en boite par Géant Vert ne peut être pour moi qu’un grand honneur. Je suis à deux doigts de sauter au cou de la grande asperge pour la remercier. Par crainte d’être qualifié de fayot je me retiens. L’arrivée au 4ème ravitaillement nous semble interminable mais le plaisir reste présent.
Après avoir échangé avec les sympathiques ravitailleurs nous reprenons nos tirages de bourre pour terminer les 10 derniers Km. Un pain saucisse et une bière dans le coco nous repassons de l’autre côté de frontière tout en nous donnant rendez-vous dimanche à la rando des sangliers de Pouru.
La légendes de la photos ne serait-elle pas plutôt (mais pas le chien de Mickey) : » Deux belles têtes de vainqueurs ! » ???
En tous cas vous m’avez l’air amidonnés…
OK je sors !
Tu peux rester j’ai fait ce jeu de mot dans le 1er paragraphe