Plus qu’une sortie ce fut une épopée digne des plus grands que nous avons vécu ce week-end. Pendant que nos petits marcassins trainaient leurs sabots dans les bauges ardennais les solitaires avaient décidés de poser les crampons dans la forêt de FONTAIBLEAU à l’occasion de la devenue classique Hivernale.
C’est donc samedi matin que commence notre aventure avec l’arrivée de la remorque menée de main de maitre par Sébastien. Premier couac de la sortie : pas de roue de secours. Quand on connaît notre rythme de crevaison en VTT ; ca stresse un peu. Je passe mon début d’après-midi à courrir les vendeurs de pièces détachées de voiture à la recherche d’une roue. Que nenni, le standard de nos roues n’est pas commun au final deux heures dans les boutiques pour rien.
De retour à la maison je charge mon vélo et celui de Seb. A peine ai-je fini que voici Guitou. On charge son spad avant de prendre un thé à la pomme. Je n’ai pas fini de préparer mes affaires et la précipitation feront que j’oublie le caméscope. Dommage !
Arrivent ensuite Yann, Maxime et Eric qui nous accompagnent dans la cérémonie du thé chère aux tribus nomades. Nous finissons de charger les vélos sur la remorque et entassons les sacs dans le coffre. Tout le monde trouve sa place, on peut enfin prendre la route.
L’âge se fait sentir impossible pour certains de faire les deux heures trente de route sans soulager la prostate. Nous arrivons néanmoins sans encombre à MONTEREAU-FAULT-YONNE qui a l’insigne honneur de nous accueillir pour la nuit. Nous passons par le commissariat de Police afin d’y poser la remorque. Après une manœuvre brillante de Guitou, maitrisant de main de maître la marche arrière attelée et un dernier bisou sur la croupe de nos précieuses montures nous gagnons notre auberge.
L’aubergiste au teint rougeau et à la crinière dorée, nous accueille de manière avenante dénigrant les capacités de sa femme à donner des renseignements corrects au téléphone et vitupérant contre son dégénéré de fils qui à laissé le son de la télévision trop fort. Quel joli pays ! Après quarante minutes passées à attendre que notre brave homme, à la dextérité du bigorneau atteint de parkinson réussisse à nous éditer une facture et trouve les cartes permettant enfin d’accéder à nos appartements. Les miracles de l’informatique et de la mauvaise foi nous ont permis de nous retrouver dans des chambres minuscules et défraichies (eh oui je suis diplomate) loin de l’image d’Epinal présentée sur le site internet de l’hôtel. L’exigüité eu tout de même l’avantage de nous faire gagner du temps en nous permettant de prendre la douche et de nous brosser les dents tout en nous libérant les intestins. Vive la modernité…
Après une tournée de bière amplement méritée au vu de cette journée harassante, nous sommes rejoints par nos deux besogneux : Stéphane et Laurent. Nous enchainons rapidement sur une deuxième tournée, uniquement dans le but d’être polis et de ne pas les laisser culpabiliser. Bientôt spider cochon me rappelle à l’ordre : c’est mon copain Christophe qui nous attend au restaurant pour partager notre pitance. Nous nous rendons rapidement au lieu prévu. Mais là le réceptionniste nous avise qu’une horde de pauvres monterelais s’attaque à la troisième tournée de rincette et semble plus accrochée à leur chaise qu’une moule boulonnaise à son bouchot. Nous nous rabattons sur Francesca qui nous tend les bras. Nous n’hésitons pas longtemps et nous empiffrons vaillamment les portions de pâtes un peu frugales à notre gout. A peine sortis nous nous laissons entrainer par Stéphane et Eric dans un proche bouge qui nous propose des sandwichs américains plein de gras et de sauces. Bref que du diététique… Enfin repus nous regagnons notre gargote. Laurent sur le point de basculer dans un néant léthargique, vautré sur le lit du cousin et nous debout, nous rendons honneur à notre principal partenaire. Mais après deux bouchons, il est temps de nous coucher car il est bientôt demain. Au grand désespoir de nos duettistes de la gaudriola, la chaine 4 ne fonctionne pas. Ce qui vaut peut-être mieux compte tenu des heures de selle qui nous attendent.
Il est trop tôt quand le réveil sonne. La nuit a été courte il faut néanmoins se bouger car c’est le jour que nous attendons depuis si longtemps. Avec Guitou nous allons récupérer la remorque alors que nous laissons nous acolytes finir de se préparer. La grille du commissariat ne veut plus s’ouvrir pour nous laisser sortir, ce qui vaut à Guitou de me faire une nouvelle démonstration de sa dextérité au volant.
Nous chargeons les bagages et cette fois c’est parti pour de bon. Plus que 30 kilomètres de voiture et nous y serons. Le Zesty d’Eric piaffant d’impatience profitera même d’un dos d’âne pour sortir de ses gonds. Ce qui nous vaudra un petit arrêt pour le remettre à sa place.
Cette fois on y est ! Nous nous changeons dans le froid du petit matin. Christophe vient nous faire un coucou et nous présenter sa superbe monture. Nous ne le reverrons plus. Pour lui le parcours ne durera que 4H06. Plein de monde aux inscriptions. Si seulement nous pouvions en avoir autant lors de notre randonnée le 28 avril (message subliminal pour ceux qui liront). Malgré le monde l’inscription se fait en quelques minutes. Le temps de prendre un café et de fixer les plaques sur le cadre il est près de 8H30 quand nous nous élançons sous l’œil bienveillant du starter. Une petite pensée pour Eric qui tenait ce poste depuis la création de l’Hivernale et qui est décédé il y a quelques mois.
A peine deux cents mètres de parcourus que Maxime se fait remarquer en s’arrêtant pour regonfler son pneu arrière. Nous pouvons enfin lâcher les chevaux. Nous parcourons un beau tronçon de single où nos novices découvrent ce qu’est l’Hivernale. Montée, descente, descente, montée, droite, gauche, gauche, droite, voilà résumé nos premiers kilomètres. Nous enchainons sur un tronçon roulant que nous prenons avec sagesse sachant ce qui nous attend encore. Nous retrouvons du single. Le single où j’avais pété les plombs l’an dernier. Cette fois pas de #$£µà & de parisien pour me mettre la pression. Tout se passe bien !
Une bifurcation se présente à nous, je pense avoir été le seul à voir la possibilité de nous la faire soft ou alors chacun l’a fermé de peur de paraître le poltron du groupe. Toujours est-il que nous nous retrouvons dans le technique. Cette montée sera la première à voir nos crampons mais malheureusement pas la dernière. Si la montée se passe bien la descente est beaucoup plus périlleuse. Ca sera l’occasion de prendre mes deux gamelles de la journée en moins de 100m échappant de peu à la sodomie proposée par une de mes lubriques pédales. Je ne serai pas le seul à la jouer piéton dans ce passage. Si Seb nous fait un beau passage suivi de près par Yann pour les autres c’est plus compliqué. Les blaireaux quant à eux nous font une démonstration. Nous arrivons sain (peut-être pas au niveau de l’esprit) et sauf en bas. Nous reprenons notre folle chevauchée vers l’infini et au-delà.
Nous avons une banane jusqu’aux oreilles. Le soleil est de la partie et les -1° du départ sont maintenant oubliés. L’arrivée de l’astre du jour liée à l’effort physique nous incite à ôter une couche de nos oripeaux.
Nous reprenons notre route si le décor change passant du chemin au single de la forêt à la plaine de la roche au sable, l’effort reste le même. Il y aurait beaucoup trop à dire sur ce qui se passe dans le groupe mais les discussions vont bon train. Guitou et Eric en profitent pour rivaliser d’imagination dans la façon de choir. L’un étant plutôt adepte du style je tombe quand ça monte alors que l’autre semble plus penché pour une interprétation grandiose de « j’ai du mal à déclipser ». Il est pas loin de 11h00 quand nous arrivons à la mythique Aie-Aie-Aie Soleil. Ayant pitié de ma transmission et pas l’envie de prendre une nouvelle boite, je me la joue fuyant en contournant. Je suis suivi dans mon esquive par Guitou et Maxime. Les autres s’envoient la dune de sable avec une grande maitrise pour certains et une grande chance pour d’autres. Nous voilà enfin posés au ravitaillement. Nous avons fait à peu près un tiers du parcours. Si on s’écoutait on resterait planté là des heures à se rassasier des mets proposés. L’appel du single est le plus fort, mais c’est surtout le froid qui nous saisi de rester inactif.
Ce qui suit est beaucoup plus roulant. Nous augmentons très fortement notre moyenne. Nous enchainons les lignes droites avec des virages à angle droit pendant quelques kilomètres. Nous nous distrayons du spectacle de chiens de chasse, des bleus d’Auvergne si j’ai bien écouté Stéphane, qui déambulent entre les arbres attirés par les pauvres sangliers apeurés qui s’agrippent tant qu’ils peuvent à nos dos. Moins effrayés que nos sangliers, nous n’en menons pas large quand nous apercevons des petits bonhommes vêtus d’orange et entendons des déflagrations beaucoup trop proches de nous. Nous quittons bientôt les chemins droits pour retrouver des passages sortis directement de l’esprit torturé des traceurs. Comment tirer le maximum de plaisir d’un fossé ? Je pense que cette question a du hanter les esprits des blaireaux durant des nuits complètes. La réponse est que nous sommes vidés après deux kilomètres de ce morceau de bravoure. Nous retrouvons nos esprits sur un passage un peu plus roulant. Je suis le premier à me plaindre de début de crampe. Bien que mes pervers camarades m’incitent à m’arrêter pour la tirer je préfère tourner les jambes afin d’éliminer les toxines. Alors qu’il nous reste encore plus de 20kms, au détour d’une maison un joli panneau nous annonce « A partir de maintenant ça monte et ça descend ». Ah M… ça faisait quoi jusqu’à présent.
Nous retrouvons du single, du single et encore du single. Fini le plat. Effectivement ça monte et ça descend. Nous posons de plus en plus souvent le pied à terre et nous essayons de garder notre vigilance pour les descentes. Si le gap majeur est fermé cette année, nous avons le droit à deux beaux passages sablonneux. Pour ce qui est du premier je me stoppe net en voyant de quoi il s’agit. Seb et Yann n’hésitent pas et descendent sereinement. Alors que nous hésitons toujours, un Colt Seavers de banlieue nous grille la priorité et s’élance vaillamment afin de chuter après moins de deux mètres. Heureusement qu’un arbre le stoppe dans sa chute car je pense qu’il serait encore en train de rouler. Précautionneux nous franchissons la première marche à pied avant de finir la descente, fiers comme des bar–tabac d’être encore sur nos montures. Un peu plus loin c’est la petite sœur de la aie-aie-aie qui se présente à nous. C’est l’occasion pour Eric de poser pour LA photo de l’Hivernale 2013. Nous voici enfin au second ravitaillement et malgré que l’heure de l’apéro soit passée depuis longtemps nous prenons un grand plaisir à nous jeter sur les boissons et les amuse-gueule. Il nous reste environ 15 kms soit 2h00 au rythme où nous allons. Si Stéphane, Maxime Yann et Seb font bonne figure il est facile de voir que Guitou, Laurent et Eric ont atteint l’état du poulpe décérébré depuis longtemps déjà. Après une pause réparatrice pour les esprits comme pour les corps nous nous jetons à corps perdu dans notre dernière bataille. Plus personne ne parle, de temps en temps Seb se pause pour faire quelques prises de vue. Si les visages sont crispés dans les montées nous retrouvons un semblant de sourire dès que la pente s’inverse. Le paysage change du tout au tout dans cette partie de forêt. Si le sable est encore présent dans certains endroits nous slalomons le plus souvent entre d’ énormes rochers. Certains choisissent la silice et d’autres la roche mais chacun trouve de quoi se faire peur dans les descentes. Au pied d’une descente Yann prend une pose, allongé au sol, sur le dos, le spad attaché aux pieds incapable de déchausser à cause des crampes.
Si nous retrouvons tous avec plaisir le village, nous savons néanmoins qu’il reste une boucle de quatre kilomètres avec la plus difficile des montées. Après une tergiversation qui durera peu de temps nous décidons que le compte est bon pour aujourd’hui.
A l’arrivée nous nous jetons sur la soupe à l’oignon que nous mangeons assis par terre tels des SDF. Les organismes sont tellement fatigués que seuls Seb et moi lançons un défi à la Kro qui s’offre à nous. Deux sandwichs plus tard nous nous retrouvons en train de nous changer sur le parking avant de charger nos montures sur la remorque et de regagner nos Ardennes chéries.
Après avoir jeté Maxime à REIMS, nous nous retrouvons chez Stéphane pour déguster un morceau de galette au sucre préparée avec amour par Laurence telle Pénélope tissant son voile dans l’attente du retour d’Ulysse de son Odysée.