Les schtroumpfs au pays de la gaule térrible

Beaucoup de raidars, tels des marseillais de base, grandes bouches effrayées par quelques ondées annoncées sur la Creuse avaient jeté l’éponge avant même d’avoir mis les gants pour cette sortie club de début d’année. Je commencerai donc à l’instar des grandes productions hollywoodiennes, par vous énoncer le casting de rêve de cette Grande Traversée du Limousin : Cacal dans le rôle du schtroumpf bricoleur, Fabrice dans celui du schtroumpf photographe, Philippe dans celui du schtroumpf grognon et moi même dans le rôle titre du grand schtroumpf (on est jamais aussi bien servi que par soit même).
C’est donc vendredi 27 avril à 12h30 qu’était fixé le rendez-vous pour charger la voiture et tailler la route en direction de Saint-Dizier- Leyrenne site de départ de ses trois jours d’itinérance. Trouver où se situe ce village de 800 habitants oublié des réseaux de la téléphonie mobile s’avère presque aussi difficile que de trouver un poil sur le pubis d’une actrice de film pour adulte moderne n’en déplaise aux fans de Brigitte Lahaie. Néanmoins avec un peu de persévérance et de connexion internet nous voilà sur l’autoroute en direction de Gueret chef lieu du département de la Creuse où nous passons notre dernière vraie nuit de repos avant notre retour dans les Ardennes. Après deux Chouffe dans le cornet, un steack de limousine pour certains et une fondue creusoise pour d’autres (Ah diététique quand tu nous tiens…) nous gagnons notre nid douillet après avoir confié la garde de nos bébés à la police locale.
Au moment de reprendre la voiture nous nous rendons compte que le soleil nous a abandonné laissant place à une pluie fine et glacée, quel plaisir pour un ardennais, on se croirait au Bannet au mois de novembre… Arrivés à Saint-Dizier-Leyrenne, notre point de départ, nous finalisons nos inscriptions et dans le désordre nous nous habillons en cycliste ou en homme grenouille selon les individus, changeons de tenue trois fois avant de nous décider (enfin pour moi), mangeons une tranche de jambon avec des coquillettes (on dit souvent qu’avec l’âge on retombe en enfance), attendons sous la pluie, allons faire le pipi de la peur, transpirons avant même de partir parce qu’on est trop habillé (devinez qui !), rangeons nos sacs dans un semi-remorque en espérant ne rien avoir oublié pour trois jours, attendons de nouveau sous la pluie, allumons le GPS et partons enfin derrière le camion de l’organisation pour les premiers tours de roues avant d’être lâchés dans un grand chemin. Le peloton s’étire, alors que nos deux assistés taillent la route ou plutôt le chemin, avec Philippe nous roulons tranquille. Enfin, nous roulons tranquille  avant que le schtroumpf grognon prenne possession du corps de Philippe. Nous sommes environ au dixième kilomètre, à plus de seize kilomètres heures de moyenne, quand je double Philippe qui caracolait devant moi depuis le début et me dit :  » J’ai plus rien dans les jambes. Je ne suis pas dans un grand jour !  » Malgré mes incantations pour faire sortir de son corps les esprits malins du Roc Marathon 2014 et de l’Elsass-Bike, rien n’y fait ! Il faudra faire avec ses grognements durant les quarante-six kilomètres restants… Le parcours est plutôt à mon goût, même si je le trouve un peut trop roulant. Avec le recul le parcours de ce premier jour était parfaitement dosé sachant ce qui nous attendait le lendemain. Il alterne route de campagne, chemins larges et singles. Pour ce qui est du profil on sa croirait à la RPS : 56 kms pour 1700m de D+. J’adore les singles. Il y a de la caillasse de partout. Dans les sentiers c’est du pur pilotage. Plus on avance, plus j’ai tendance à m’enflammer ce qui fait que je passe à deux doigts (ça aurait été un doigt, bien détendu pourquoi pas…) de prendre un boite magistrale dans les cailloux à vingt-cinq à l’heure. Heureusement les Dieux du VTT sont avec moi. Après une dernière bosse qui aura permis au schtoumpf grognon de maugréer une dernière fois contre ces &# »$£*µ d’organisateurs qui nous ont fait grimper cette bosse qui ne sert à rien, nous franchissons la ligne d’arrivée à Guéret en 5H38. Nos assistés nous ayant devancés de près d’une heure vingt.
Après un lavage de vélo nous allons nous doucher et installer notre campement dans le gymnase pour la nuit. Nous rapatrions nos montures dans notre chambre avec les deux-cents autres. Pascal propose une gaule terrible à Philippe qui accepte sans grande hésitation… Après la séance il est temps de passer à table. Nous avons droit à une fondue creusoise qui avouons le ne fut pas le meilleur souvenir de ce week-end. Néanmoins Cacal se souvenant de ses années de cantine va au rab de frites. Il est vingt-et-une heure trente quand nous éteignons les lumières.

Après une nuit entrecoupée par les bruits d’une porte qui claque, du tonnerre et d’une pluie diluvienne sur le toit nous sortons de notre sac de couchage. Le nez à la fenêtre nous nous rendons compte que c’est le déluge et qu’il a plu toute la nuit. Nous courons jusqu’au réfectoire situé à deux-cents mètres. Nous sommes trempés. La journée va être longue…
Cacal et Fabrice prennent la décision de faire une journée off et de se faire rapatrier à l’arrivée de la deuxième étape par les organisateurs. Je leur conseille s’ils veulent revenir l’an prochain et continuer à avoir des jouets électriques de plutôt réfléchir à l’achat d’un canard vibrant au moins il est waterproof. Avec Philippe nous attendons le briefing des organisateurs. Le verdict tombe : pas de longue distance aujourd’hui. Un seul parcours proposé de cinquante-cinq kilomètres. Les trois premiers kilomètres sont neutralisés et le départ se fera comme la veille derrière le camion de l’organisation. Nous ne sommes pas venus pour peindre la girafe. La mine réjouie devant l’appareil photographique de Fabrice nous nous alignons sur la ligne de départ et sous la pluie qui a redoublé. Nous sommes moins nombreux que la veille. Le départ se fait en descente, c’est de la route mais les freins couinent. Après moins de trois cents mètres cela se met à monter, et fort. Le terrain glisse. Tous les concurrents qui sont autour de nous sont à pieds avec de la boue au dessus des chaussures. Dans quoi on s’est aventuré ? Première descente. Je ne sais pas si elle est technique ou pas mais c’est la misère. Ça glisse dans tous les sens ! Les trajectoires sont aléatoires. Ouf on est en bas en ayant réussi à rester sur le vélo. Vivement que ça regrimpe ! En fait je ne voulais pas dire cela car en fait de montée nous avons le droit à des torrents de boue… Trois tours de roues pour un mètre d’avancée avec des roues de 29″, heureusement qu’on a pas un contrôle de l’ADEME. Le schtroumpf grognon est de retour. Mais cette fois il y a vraiment de quoi péter un câble. On monte souvent à pieds, on descend la plupart du temps en serrant les fesses tel un jeune hétéro passant une soirée au Fucking Blue Boy. Nous traversons des ruisseaux, ce qu’en général nous aimons bien, mais nous les traversons dans le sens de la longueur. A un moment nous arrivons à une rivière traversée par un pont. Le seul problème est que pour atteindre le pont il faut s’enfoncer dans la rivière jusqu’à mi-cuisse et quant aux chemins ce sont des ruisseaux. C’est du délire. Pour corser le tout Philippe m’indique que toute sa transmission est bloquée. Après une étude du problème, je procède au démontage d’un galet de dérailleur. Un caillou s’était sournoisement caché dans la boue pour se glisser entre la chape et le galet. Après vingt-et-un kilomètres et deux heures trente nous atteignons le premier ravito. Nous sommes tout un  groupe. Un des participants lance l’idée de finir par la route. Nous sommes près d’une dizaine à choisir cette option. C’est beaucoup plus facile, je suis vraiment tenté de m’épiler. Mais les explications données en patois creusois font qu’après deux kilomètres nous sommes déjà perdus. Je demande la route à un autochtone originaire de l’autre coté de la Manche. Avec un plan je comprends par où il faut aller. On est frigorifié. Le groupe éclate car tout le monde ne roule pas à la même vitesse. Je propose à Philippe de chercher à rejoindre la trace GPS pour finir sur du chemin maintenant que nous avons récupéré. Il accepte. Nous chercherons la trace sans jamais la trouver. Nous parvenons tout de même au gymnase de Saint-Vaury. Lavage de vélo et stockage dans l’entrepôt gardé. On récupère nos affaires auprès de nos petites femmes poilues qui ont installé le campement et sont même allés acheter des victuailles pour qu’on puisse se restaurer. Nous passons par l’option douche avant d’aller voir les organisateurs qui nous proposent deviner quoi ? De manger des coquillettes… Avec une bière et de la charcuterie de pays ça passe bien. Il est maintenant venu l’heure de la récupération. Nous avons le droit à une séance de bricolage de porte par Cacal qui n’a pas supporté le bruit de celle de la veille. Jamais porte de gymnase n’aura connu pareil traitement avec une graissage au lubrifiant à base de téflon. Une heure plus tard mes compagnons de route savourent les joies de la méditation… De nouveau en forme nous partons à la recherche d’un bar. C’est peine perdue ! Nous tapons la discussion avec David et Mathieu deux auvergnats avec qui nous avons sympathisé en attendant le repas. Ce soir c’est festin. Après une tourte aux pommes de terre en entrée, les organisateurs nous offrent un steak de limousine. Pour nous donner bonne conscience on a le droit à quelques haricots verts en accompagnement des COQUILLETTES. Ce soir il est encore plus tôt quand nous nous couchons… Je tente de me visionner quelques épisodes de Friends sur mon téléphone mais les ronflements de mes camarades me déconcentrent.

Il est cinq heures quand Cacal sonne le réveil. On ne part que dans trois heures… Cinq heures trente : il a rangé toutes ses affaires et, déjà en tenue, tourne en rond comme un écureuil coincé dans une roue de VTT (Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n’est ni fortuite, ni involontaire). Ça m’a toujours impressionné le temps qu’il fallait aux grands champions pour se concentrer avant une compétition. Je décide de dormir encore une heure… Je finis par me lever. Je saute directement dans mon cuissard et file déjeuner. Il pleut ! Mais moins, c’est déjà cela de pris. Il me faut peu de temps pour me laver les dents et ranger mes affaires. Je suis encore en avance. J’attends le dernier moment pour charger mon sac pour la dernière fois dans le camion. Nous avons convenu avec Cacal et Fabrice qu’ils récupéreront nos sacs à l’arrivée et chargeront leurs vélos sur le porte-vélos avant que nous arrivions. Départ par la route pendant six kilomètres. Le reste du parcours sera fait de grands chemins. Ce qui nous aurait lassé le premier jour et maintenant accueilli avec plaisir. On se dégourdit les pattes. Quelques singles sympas mais rien de comparable avec ce que nous avons connu hier. Philippe est dans son élément. Alors que nous tentons d’éviter les mares de boue, il coupe tout droit. Contrairement aux autres jours le dénivelé se fait par de longues ascensions. C’est pas mon truc mais je lâche les watts c’est le dernier jour. Pas besoin d’en garder sous la semelle. J’incite Philippe à en faire de même et à ne pas lâcher ma roue. Il me dit qu’il est déjà à bloc depuis le début. Avec toute la diplomatie qui me caractérise je lui demande :  » As tu déjà pleuré à cause des crampes ? As tu déjà vomi sur le vélo ? Non ? Alors tu peux encore appuyer plus fort !  » Finalement ça marchera. Enfin presque et nous couvrirons les cinquante-cinq kilomètres en quatre heures huit (temps officiel). Il fait froid à l’arrivée. Nous abandons nos montures à Cacal et Fabrice déjà changés et les vélos chargés pour prendre la navette conduite par la sœur d’Emile Louis et nous rendre aux douches du terrain de football. Une fois ayant repris visage humain nous rangeons nos vélos et bourrons l’ensemble du matériel qui a bien profité de la nourriture creusoise dans le coffre de la voiture. La cérémonie de clôture est consacrée par une côte de cochon accompagnée de… purée. Quelle déception pas de coquillettes ! Un tirage au sort accompagne le repas et me permet de remporter un abonnement à une revue de VTT. Retour vers le nord bien entendu sous la pluie.

Je ne veux pas me prononcer pour les autres schtroumpfs mais pour moi ce fut une expérience à renouveler sans aucune hésitation en espérant un temps meilleur.

4 thoughts on “Les schtroumpfs au pays de la gaule térrible

  1. PTR

    Super récit du Président ! conforme et plein d’humour !
    J’en ai chié comme rarement …….temps de crotte
    mais un super week-end entre potes !
    A refaire mais avec le soleil !!

    1. Spaderman Post author

      Franchement je suis d’accord avec toi c’est à refaire ! Ceux qui ne sont pas venus ont eu tord comme souvent lors de nos sorties club…
      Thermostat 7 ça serait quand même mieux…
      Et puis j’aime être réveillé à cinq heures du mat par la douce voix de Cacal. C’est mieux que par les ronflements et les bruits de pets !

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